La Saâne est un fleuve côtier de Seine-Maritime de 34km de longueur, situé à l’ouest de Dieppe. La Vienne en est le principal affluent. Comme de nombreux fleuves côtiers de Normandie et tous ceux de Seine-Maritime (Yères, Dun, Durdent, Scie…), son exutoire à la mer est constitué d’une buse et d’un clapet. L’ancien estuaire de la Saâne est fermé par une digue-route permettant de rejoindre Dieppe depuis le pays de Caux en passant le long du littoral. A partir du XVIe siècle, l’estuaire de la Saâne a été profondément modifié. Jusqu’à cette époque, la Saâne débouchait sur un marais saumâtre séparé de la mer par un cordon de galets.
Les premiers travaux recensés ont été réalisés à des fins militaires, contre des invasions anglaises, entre 1560 et 1768. Au XVIIIe siècle, afin de favoriser l’agriculture dans la basse vallée, un réseau de digues est construit. En 1864, la première buse estuarienne de la Saâne est construite en bois. Elle a pour vocation d’assainir le territoire en facilitant l’évacuation des eaux, et en limitant l’influence de l’eau de mer sur les terres. Par ailleurs, dès 1856, la vallée commence à accueillir ses premiers baigneurs. De 1963 à 1973, le camping de Quiberville est aménagé. En bordure de la digue-route et de la Saâne, il permet le maintien et le développement des activités locales telles que la pêche, la restauration, les activités nautiques.
Ce territoire, construit autour d’une vallée humide encadrée de falaises crayeuses, est soumis à plusieurs risques : l’érosion des côtes, les inondations et les submersions marines. L’évolution passée des pratiques agricoles, délaissant le pâturage au profit des cultures, a accentué les phénomènes d’inondation en augmentant l’érosion et le ruissellement des eaux de pluie chargées de boue et de limon. Ces évènements ne sont pas sans conséquences sur la qualité de l’eau, sur la fertilité des terres. D’autre part, le développement du tourisme et l’attractivité locale du littoral cauchois ont également entrainé une modification de l’occupation des sols, avec un accroissement de l’artificialisation des sols et de l’imperméabilisation des surfaces. Tout cela accentue les conséquences lors des phénomènes de crues.
L’histoire récente de la basse vallée est émaillée d’événements dont certains ont marqué les mémoires : des inondations fluviales, en janvier 1995, décembre 1999 (la plus importante jamais mesurée) et mai 2000, ainsi qu’une submersion marine, en 1977. Le territoire est vulnérable et les conséquences du dérèglement climatique accentuent cette situation, comme le montre la tempête Eleanor de janvier 2018.
L’ensemble de ces éléments a conduit les communes de la vallée de la Saâne à s’engager dans une réflexion sur les solutions à mettre en place pour réduire la vulnérabilité du territoire au risque inondation. En parallèle, l’évolution de la réglementation implique de revoir l’aménagement de la Saâne. En effet, la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de 2006 soulève la question de la continuité écologique (obligation de circulation des poissons et rétablissement des équilibres hydro-sédimentaires).
Il apparaissait donc nécessaire de développer une vision prospective de l’aménagement de la basse vallée de la Saâne qui soit partagée par les acteurs et les citoyens et qui permette de répondre à ces enjeux que sont l’appréhension des risques inondation et submersion, le maintien de l’attractivité socio-économique et l’amélioration de la qualité de l’environnement et de l’eau dans la basse vallée. Tout cela passe par l’adaptation au changement climatique.